La littérature scientifique s’accorde aujourd’hui à reconnaître que la blessure morale peut prendre racine dans des causes multiples. D’une part, les travaux de Litz et al. (2009) soulignent le rôle central des transgressions personnelles, vécues comme contraires aux valeurs morales de l’individu. Ces situations génèrent des émotions profondes telles que la culpabilité, la honte ou l’auto-condamnation, témoignant d’une blessure morale à origine interne. D’autre part, d’autres chercheurs, comme Jonathan Shay (1994), ont mis en évidence le poids des causes externes, en particulier lorsque l’individu est confronté à une trahison par une autorité légitime dans un contexte à fort enjeu moral. Ces deux perspectives, loin de s’exclure, permettent d’appréhender la blessure morale dans toute sa complexité.
Ainsi, les causes de la blessure morale peuvent être classées en trois grandes catégories :
- les actes personnels contraires aux valeurs de l’individu (causes internes),
- l’exposition aux fautes morales d’autrui ou à la trahison d’une autorité (causes externes),
- les situations complexes de dilemme moral ou de conflit de loyauté (causes mixtes).
Ces différentes origines, bien documentées dans la littérature (Frankfurt & Frazier, 2016 ; Griffin et al., 2019 ; Hodgson & Carey, 2017), génèrent des expériences émotionnelles distinctes, qui appellent des approches thérapeutiques différenciées.
Type de cause | Source | Émotions dominantes | Références principales |
Interne | L’individu lui-même (action/inaction) | Culpabilité, honte, auto-dégoût | Litz et al. 2009 ; Drescher et al. 2011 |
Externe (trahison) | Autorité légitime ou tiers | Colère morale, perte de confiance | Shay, 1994 ; Frankfurt et al. 2016 |
Mixte / complexe | Dilemmes moraux, conflits de valeurs | Ambivalence, détresse existentielle | Farnsworth et al. 2017 ; Griffin et al. 2019 |